Fondée par la reine Bathilde et son fils Clotaire III vers 657, à l’emplacement d’une ancienne villa gallo-romaine, le but premier de cette fondation semble d’avoir consisté en l’évangélisation de la région.
Une abbaye issue de l’abbaye de Luxeuil
La reine Bathilde souhaita, la venue, pour cette fondation, de moines de l’abbaye de LUXEUIL, fondé par Saint COLOMBAN vers 590. L’abbaye fut soumise aux règles de Saint Benoit et de Saint COLOMBAN, et il faudra attendre le VIIIème siècle, pour que la fondation ne soit que purement bénédictine.
De nombreuses donations sont faites dès la fondation, tant dans la région d’Amiens, que d’Arras, et l’Abbaye dispose, dès 661, du privilège de l’immunité, évitant à l’abbaye l’intervention dans ses affaires de tout fonctionnaire royal. L’abbé perçoit les impôts, exerce la justice et pratique les levées militaires au nom du roi, devant lequel il est seul responsable. Dès 664, elle échappe à la juridiction épiscopale, et en 716, elle bénéficie du droit perpétuel de transporter les produits méditerranéens et orientaux, qu’elle se procure à FOS aux frais des pouvoirs publics.
La grande prospérité de l’abbaye de la Corbie
Sa grande période de prospérité reste l’époque carolingienne, et les écrits datant de l’abbatiat d’Adalard (780 -826), notamment les statuts, renseignent efficacement sur la vie de l’abbaye. L’abbé gouvernait alors plusieurs centaines de personnes, moines, paysans ou artisans.
Avec ses 3 églises, l’abbaye se suffisait à elle-même, en produisant tout ce dont elle avait besoin. La Vie(d’Adalart) fut rédigée par Paschase Radbert et par WALA, frère d’Adalart et successeur de son défunt frère. Ils étaient tous deux cousins de CHARLEMAGNE, Grands du Royaume, et développèrent la thèse mystique de la Cité de Dieu, dont le Roi et l’Empereur devaient être les défenseurs. Ils seront exilés pour des raisons politiques (814)
L’abbaye Saint Pierre de Corbie, un centre spirituel et intellectuel
L’abbaye joua également un grand rôle intellectuel et missionnaire, d’abord par son scriptorium, particulièrement actif.(Vers la fin du VIIIème, naît, dans cet atelier, la réforme de l’écriture dite de Corbie, mais aussi c’est de là, que sort le premier exemplaire daté composé en minuscule caroline). En 1200, l’abbaye possède plus de 400 manuscrits, alors que les moines copistes travaillent aussi pour les autres monastères.
Adalard envoya également un groupe de moines fonder l’abbaye de Corvey, sur les bords de la Weser, d’où Anschaire partira répandre la Parole au Danemark et dans les pays scandinaves. L’abbé porte le titre, dès la fin du XIème, de Comte de Corbie, et est à la tête d’une seigneurie ecclésiastique.
Elle bat monnaie depuis le Xème siècle, et en 1124, l’abbé – Comte accorde une charte aux bourgeois de la « ville » qui s’est développée autour de l’abbaye. Corbie devient une collectivité urbaine autonome par rapport au seigneur – abbé, alors qu’au XIVème, la cité est à nouveau rattachée à l’abbaye par un décret royal.
Dans la seconde moitié du XIIème siècle, CORBIE obtint le privilège d’exemption totale ; outre son indépendance vis-à-vis de l’évéché, elle est rattachée directement à la papauté, dans la lignée de la réforme clunisienne, que CORBIE adopte en 1142.
Née à CORBIE en 1381, une recluse, Colette, a une vision dans sa cellule, et elle sortira de sa retraite, pour devenir la réformatrice des clarisses.
La vie religieuse perdait déjà de sa vigueur, lorsque la commende est instaurée(1523). En 1619, l’Abbaye adhérera à la Congrégation bénédictine de Saint Maur (dont le but est la restauration de la vie religieuse authentique). Elle connait un renouveau religieux, en accueillant notamment le grand historien de Saint Maur, Jean Mabillon. L’église abbatiale est achevée en 1740, et les bâtiments monastiques reconstruits au XVIIIème siècle.
En Aout 1790, les moines se dispersent, et les bâtiments sont détruits
