L'ordre cistercien
Ordres religieux

L’ordre cistercien, un ordre médiéval essentiel au développement économique du pays

L’ordre cistercien reste un des ordres les plus importants du Moyen Âge. Ses effets sont encore visibles aujourd’hui.

Nous ne prétendons pas écrire, ici, une histoire exhaustive de l’Ordre de Cîteaux mais en souligner quelques-uns des traits les plus marquants. L’ordre cistercien s’est imposé partout dans nos campagnes, d’autant plus qu’il a permis à bon nombre de communautés villageoises ou professionnelles de se développer à l’ombre de ces puissantes abbayes.

Un Ordre cistercien aux spécificités bien marquées…

L’Ordre cistercien, si il a réussi à se développer aussi rapidement, a su s’adapter aux évolutions et aux tendances de son époque. Difficile de lister toutes les spécificités de l’ordre, d’autant plus que ces dernières ont évolué avec le temps, mais il faut néanmoins souligner :

  • Les lignées : Chaque abbaye fondatrice (abbaye mère) disposait de droits de contrôle sur chaque abbaye fondée (abbaye fille) qui à son tour pouvait en fonder d’autres.
  • La visite canonique prévue par les statuts de l’Ordre (la Visitatio évoquée dans les textes cisterciens). Découlant des lignées, cette visite canonique devait permettre à l’abbaye mère de visiter ses filles.
  • L’unanimité liturgique : Partout (surtout dans les premiers temps du développement de l’ordre), la liturgie était la même et pratiquée uniformément. Avec la multiplication des abbayes, cette volonté d’unicité fit place à une large latitude quant à l’acceptation des différences.

L’Ordre cistercien, des abbayes bien implantées dans leur époque

Outre ses principes de fonctionnement au quotidien, l’ordre cistercien se caractérisa par d’autres points plus matériels si on peut parler ainsi. N’oublions pas qu’à cette époque, certaines abbayes brillaient déjà par leur beauté et leur débauche de luxe ostentatoire.

Face à cette richesse de certaines fondations monastiques, Cîteaux prôna et imposa l’esprit de pauvreté et le dépouillement cultuel. Les statues polychromes et ornées de pierres précieuses sont bien évidemment bannies des édifices cisterciens mais ce dépouillement se retrouve partout depuis l’architecture jugée comme rustique dans les premières fondations de l’ordre jusqu’au linge utilisé pour les offices.

L’Ordre cistercien, des abbayes au cœur de l’économie locale

D’un point de vue économique aussi, les cisterciens ont fait preuve non pas d’originalité mais tout du moins d’un fort engagement.  Ainsi les statuts de l’ordre précisent les biens acceptables par les fondations cisterciennes mais aussi ceux qui ne le sont pas, jugés comme trop couteux et ne leur apportant rien (les églises furent ainsi, en tout cas dans les premières années de l’essor cistercien refusées). Profitant de tous les bienfaits du faire-valoir direct, l’ordre cistercien fut également le premier à systématiser et à recourir à outrance aux convers.

Les grands principes fondateurs de l’ordre et l’idéal cistercien de l’origine furent bien vite dépassés par la réalité puisque dès 1179, le pape Alexandre III rappelait à l’Ordre la pureté de ses engagements et de ses idéaux.  Le développement rapide de l’ordre ne pouvait permettre un respect strict de cette philosophie. La multiplication des abbayes rendait ainsi le contrôle et le suivi presque impossible. En 1153, à la mort de Saint Bernard, l’ordre compte ainsi 351 abbayes dont 169 pour la seule lignée de Clairvaux (71 filiations directes et 98 indirectes).

L’Ordre cistercien, un quotidien dévoué à l’Opus Dei

Le quotidien des cisterciens restait marqué par l’Opus Dei et la lectio divina, même si les travaux manuels n’étaient pas interdits. Non seulement le travail manuel était nécessaire pour ce faire-valoir direct mais il permettait aussi de lutter contre le pire des maux des moines : l’oisiveté.

A côté des moines vivaient donc les convers, des religieux non moines, mais aussi des oblats (les « offerts »). Dès 1184, l’ordre considéra que sous un seuil de 12 moines, une abbaye devait alors être transformée en simple grange. C’est une des autres spécificités des cisterciens.

 Ces derniers ont multiplié les grangia, dans lesquelles vivaient les convers pour s’occuper des champs, des vignes, des mines,…Ces granges participèrent grandement au succès économique des cisterciens. Ces dernières entretenaient des relations et des échanges quasi-permanents avec les abbayes, dont elles dépendaient.

L’organisation même des granges était scrupuleusement détaillée comme par exemple en prévoyant le retour des convers dans l’abbaye pour certains offices ou à l’occasion de certains évènements. Le magister grangiae était le convers chargé d’administrer la grange en question, à ne surtout pas confondre avec le magister conversorum, qui à partir de la fin du XIIème siècle, était choisir parmi les moines pour suivre les convers de chaque abbaye.

Si les convers ont participé au succès de l’essor cistercien, ils en ont aussi accéléré le déclin notamment avec le baisse des vocations  à partir du milieu du XIIIème siècle.

L’Ordre cistercien, une vie réglée par les statuts de l’ordre

A côté de l’Abbé, le père de la communauté, il existait aussi de nombreux frères officiers, dont les fonctions étaient précisément définies. Le Prieur, le sous-prieur, le maitre des novices, le sacristain, le chantre, l’infirmier,…..

Comme pour tous les ordres de ce début de nouveau millénaire, l’Ordre cistercien arrivait tant bien que mal à équilibrer la forte mortalité (due à une alimentation pauvre et déséquilibrée mais aussi à un mode de vie assez austère) qui régnait dans les abbayes. Le solde néanmoins devint vite déficitaire, principalement après la Grande Peste de 1348 – 1350.

Etendu aux convers, le noviciat conduisait le postulant à la profession. Le rituel, repris à la règle de Saint Benoit, était très précis. Le postulant faisait alors sa profession par écrit, et si il ne savait pas écrire, il signait le document d’une croix. Il s’engageait alors en 3 points (les 3 vœux monastiques) :

  • Stabilité : Respect de son engagement à l’abbaye où il faisait profession
  • La vie religieuse ou conversion de mœurs
  • L’obéissance (notamment à l’abbé).

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